Le journaliste et opposant Hichem Aboud porté disparu depuis 3 jours et son avocat tire la sonnette d’alarme
Hichem Aboud, journaliste et opposant algérien, est porté disparu depuis trois jours après son arrivée à l’aéroport de Barcelone. Son avocat, Dalil Essakali, s’inquiète de la situation et craint qu’il ait été victime d’un enlèvement. En effet, Aboud, connu pour ses critiques acerbes contre le régime algérien, n’a donné aucune nouvelle depuis son atterrissage en Espagne, et ses proches, inquiets, recherchent des informations sur son sort.
Essakali a déclaré à « EFE » qu’il n’y avait pas encore beaucoup d’éléments concernant la disparition d’Aboud, mais il possède des « soupçons fondés » pour penser qu’il a été « kidnappé ». Il a rappelé que ce n’était pas la première fois qu’Aboud faisait l’objet d’une tentative de séquestration, la justice française ayant ouvert une enquête sur un incident similaire survenu en 2021. Depuis son arrivée à Barcelone, Aboud n’a pas été joignable sur les téléphones qu’il utilise habituellement, ce qui accentue l’inquiétude de son entourage.
Si Essakali n’a pas voulu désigner directement les responsables potentiels de cet enlèvement, il a évoqué les actions d’Aboud contre « la junte militaire » au pouvoir en Algérie. À ce stade, l’affaire est encore sous enquête, ce qui empêche l’avocat de fournir des détails supplémentaires. Cependant, dans des déclarations à la chaîne marocaine MediTV, il a désigné Alger comme principal suspect dans l’enlèvement de son client.
L’Assemblée Mondiale Amazigh (AMA), qui défend les droits du peuple berbère, a été la première à exprimer son inquiétude face à la disparition d’Aboud, âgé de 69 ans. Reconnu pour ses ouvrages critiques à l’égard des autorités algériennes, notamment La mafia des généraux, Aboud est une figure emblématique de la lutte pour la liberté d’expression et contre la corruption en Algérie. Son engagement a exposé sa vie à de nombreuses menaces, notamment de la part des services de sécurité algériens.
Hichem Aboud avait récemment passé un temps à Paris avant de se rendre à Madrid, un voyage dont les raisons n’ont pas été clairement communiquées à sa famille. Selon son entourage, il a disparu après avoir publié une vidéo critique sur sa chaîne YouTube, ce qui a suscité des suspicions quant à une éventuelle implication des services de renseignement algériens dans son enlèvement. Aboud, qui a subi des pressions intenses, a quitté l’Algérie en raison de la persécution politique, et plusieurs mandats d’arrêt internationaux ont été émis contre lui par le régime algérien.
Son cas soulève des préoccupations sérieuses concernant la liberté de la presse en Algérie. Bien que le président algérien affirme qu’il existe une liberté d’expression, les rapports internationaux dénoncent la répression systématique des voix critiques, y compris des journalistes et des activistes. La disparition d’Aboud s’inscrit dans une longue liste de violations des droits des journalistes dans le pays, suggérant l’implication des agences gouvernementales dans le silence des opposants.