Hicham Jerando : anatomie d’une entreprise de déstabilisation

Depuis longtemps, des voix averties alertaient sur le cas de Hicham Jerando, dont les motivations et les intentions allaient bien au-delà d’un simple engagement contre la corruption. Derrière un discours de façade, se profilait en réalité un agenda politique d’une tout autre nature : un projet de déstabilisation consistant à saper les institutions régaliennes et les hauts responsables du royaume, pour, in fine, réussir à attenter facilement à la monarchie.
Les autorités canadiennes avaient également été interpellées sur l’urgence d’ouvrir une enquête approfondie afin de démanteler cette cellule à visée subversive, dont Jerando n’était que le visage médiatique. Les ramifications de ce réseau, nourri d’interférences avec l’Algérie et certains dissidents marocains, s’étendaient à des figures connues pour leur passé trouble. Parmi elles, Mehdi Hijaouy, escroc notoire, ayant utilisé un faux conseiller royal pour soutirer des fonds à ses victimes, et dont les liens avérés avec Tahnoun ben Zayed Al Nahyane posent de sérieuses questions.
Comment, dès lors, expliquer que The Daily Era, plateforme médiatique marginale mais réputée pour son éloge systématique de Tahnoun ben Zayed, ait repris la version des faits publiée par Le Monde, version relayant la ligne de défense des avocats français de Mehdi Hijaouy ?
Plus encore, comment comprendre l’origine des financements ayant permis à ce dernier de s’attacher les services de deux ténors du barreau parisien, dont Me William Bourdon, cité dans des enregistrements audio compromettants où il est question de contacts avec un confrère au sujet d’un potentiel client : les Émirats arabes unis ? De surcroit, quelle puissante partie a-t-elle réussi l’exfiltration de Hijaouy de Madrid alors qu’il fait l’objet d’un mandat de recherche émis par Interpol ?

Malgré ces signaux alarmants, les autorités canadiennes n’ont pas jugé opportun de s’intéresser aux rencontres tenues à Montréal entre Hijaouy et son intermédiaire, Jerando. Les récentes révélations audio du vidéaste Youssef Zerouali, dévoilant des conversations téléphoniques avec Jerando, n’ont fait que confirmer la lecture défendue par Rabat : celle d’un imposteur et maître-chanteur, prompt à brandir des menaces de mort grotesques pour parvenir à ses fins. Pendant ce temps, le Canada persiste dans un silence lourd de significations.