Pedro Sanchez et son pari judicieux pour le Maroc

La politique extérieure de l’Espagne sous le leadership de Pedro Sanchez a pris un tournant stratégique majeur avec le renforcement des relations avec le Maroc. Ce choix, souvent critiqué par certains courants politiques et médiatiques espagnols, repose pourtant sur une vision pragmatique et une réelle volonté de stabilité et de prospérité partagée entre les deux pays.
Depuis 2022, Madrid et Rabat ont mis en place une nouvelle dynamique de coopération qui touche plusieurs secteurs clés, notamment l’économie, la sécurité et la gestion des flux migratoires. Cette réorientation a été concrétisée par la lettre adressée par Sánchez au roi Mohammed VI en mars 2022, reconnaissant l’importance de la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara. Un geste qualifié de « courageux » par les partisans du réalisme diplomatique, mais critiqué par certains segments de l’opposition espagnole.
Loin d’être un simple alignement sur les positions marocaines, cette nouvelle approche espagnole vise avant tout à renforcer la place de l’Espagne en tant qu’acteur clé dans la région nord-africaine. Le Maroc, en tant que principal partenaire de l’Union européenne en Afrique, joue un rôle crucial dans la stabilisation de la région, que ce soit sur le plan économique ou en matière de lutte contre le terrorisme et l’immigration illégale.
L’un des aspects les plus controversés de cette politique est la question du Sahara occidental. Alors que l’opposition espagnole accuse le gouvernement de renoncer à une posture neutre, les réalités géopolitiques montrent que la position de Madrid est en phase avec l’évolution du dossier au niveau international. L’Espagne, en soutenant l’initiative d’autonomie marocaine, s’aligne sur la position adoptée par plusieurs grandes puissances, notamment les États-Unis et la France.
Sur le plan économique, les retombées de cette nouvelle ère diplomatique sont déjà perceptibles. Les échanges commerciaux entre l’Espagne et le Maroc ont atteint des niveaux record, consolidant la position du Maroc en tant que premier partenaire commercial de l’Espagne hors Union européenne. De plus, les investissements espagnols au Maroc ont connu une croissance significative, notamment dans les secteurs stratégiques tels que l’énergie, les infrastructures et l’industrie automobile.
En dépit des critiques internes, la politique de Pedro Sánchez envers le Maroc reflète un choix stratégique calculé et visionnaire. Dans un contexte mondial en mutation, l’Espagne a fait le choix du pragmatisme et de la coopération avec un voisin essentiel, garantissant ainsi sa stabilité et sa prospérité à long terme. L’histoire jugera si ce pari était le bon, mais les signes actuels indiquent déjà une trajectoire bénéfique pour les deux nations.