Polisario : Brahim Ghali de plus en plus contesté dans les camps de Tindouf

Le 10 mai 2025, date marquant le 52e anniversaire de la création du Front Polisario, a été le théâtre d’un tournant majeur dans les camps de Tindouf. Un groupe de cadres sahraouis, critiques de la ligne actuelle du mouvement, a lancé une pétition appelant au départ de Brahim Ghali et à l’organisation d’un congrès extraordinaire d’ici septembre. Cette initiative reflète une fracture croissante au sein des rangs séparatistes et une perte manifeste d’autorité de leur leader historique.
Les signataires de la pétition exigent des réformes profondes, à commencer par l’adoption de lois permettant une refondation politique du mouvement. Ils souhaitent voir émerger une nouvelle direction sahraouie, représentative, compétente et capable de proposer une vision alternative pour ce qu’ils qualifient de « projet de libération nationale ». Cette fronde prend racine dans un climat d’immobilisme prolongé et dans le rejet des politiques menées depuis la reprise des hostilités avec le Maroc en novembre 2020.
La déclaration, au ton résolument critique, dénonce l’impasse stratégique dans laquelle le Polisario s’est enfoncé sous la direction de Brahim Ghali. Elle appelle à une « rupture radicale » avec les pratiques passées, prônant un retour aux principes de démocratie interne, de dialogue et de réconciliation. Les auteurs de la pétition insistent sur la nécessité d’un large consensus pour repenser l’avenir du mouvement en mobilisant toutes les forces sahraouies convaincues de son idéologie fondatrice.
Ce mouvement de contestation fait écho à l’appel lancé en juillet 2024 par Bachir Mustapha Sayed, une figure influente du Polisario, qui avait réclamé une conférence extraordinaire pour éviter la « disparition » du Front. À l’époque déjà, il avait ouvertement remis en cause la gestion de Ghali, pointant du doigt l’échec de la militarisation de la lutte et le manque de perspectives politiques pour les jeunes générations sahraouies.
Le contexte politique régional accentue cette tension interne. Fin avril, Brahim Ghali a été reçu à Alger par le président Abdelmadjid Tebboune, dans une rencontre perçue par certains comme une tentative de consolidation de son autorité. Dans le même temps, le retour dans les camps de Tindouf d’Abdekader Taleb Omar, ancien représentant du Polisario à Alger, alimente les spéculations. Promu au bureau permanent du secrétariat général du mouvement et nommé « ministre de l’Éducation », il apparaît désormais comme un prétendant potentiel à la succession.
Alors que l’usure du pouvoir de Brahim Ghali devient de plus en plus visible, les dynamiques internes du Polisario semblent s’orienter vers un possible basculement. La pression pour un renouvellement de la direction s’intensifie et pourrait, dans les mois à venir, provoquer un choc politique majeur dans les camps de Tindouf, avec des conséquences notables sur l’avenir du mouvement séparatiste et ses relations avec l’Algérie, son principal soutien.