Jerando ou la fabuleuse épopée du complot en carton

Hicham Jerando, alias « Khariando » pour les intimes, poursuit son marathon complotiste avec l’enthousiasme d’un scénariste de série B en manque d’audience. Dans ses vidéos brumeuses, entre deux grimaces et trois rictus nerveux, il brandit des mots-clés mystérieux comme d’autres exhibent des trophées : « Opération Mars », « Fargot », « Patriot »… on dirait des titres de jeux vidéo des années 90, mais pour lui, c’est du sérieux. Ou du moins, il essaie de nous le faire croire.
Ce n’est pas tant ce qu’il dit qui intrigue, c’est la manière. L’homme parle comme s’il sortait tout droit d’un laboratoire d’intoxication mentale, recrachant des phrases cryptées, agrémentées de formules pompeuses et d’allusions fumeuses. Sa dernière trouvaille ? L’ »empreinte poison », concept aussi flou qu’improbable, censé prouver tout et son contraire. Une technique qui fait passer la rhétorique du Da Vinci Code pour de la rigueur académique.
Et autour de lui, les figurants rient. Pas des ennemis imaginaires qu’il dénonce, non… mais de lui. Car même ses anciens compagnons d’illusion ont jeté l’éponge. L’écho de son discours ne résonne plus que dans des bulles Telegram désertées et quelques recoins d’Internet où l’on croise plus de trolls que d’âmes convaincues.
Jerando s’imagine traqué, persécuté, cible d’un complot intergalactique sans doute orchestré depuis Rabat en collaboration avec la NASA, qui sait. Il se rêve lanceur d’alerte, mais il n’est que lanceur de rumeurs. Un homme qui s’est fait une carrière en recyclant ses rancœurs et ses frustrations dans des récits hollywoodiens mal joués.
Le plus tragique dans cette histoire ? Ce n’est pas qu’il mente. C’est qu’il y croit peut-être. Il s’est enfermé dans son propre théâtre mental, où il est à la fois l’auteur, le héros, et le dernier spectateur. Ses « révélations » ont la solidité d’un château de sable face à la marée des faits. Et quand vient le temps de demander des preuves, il répond par des grimaces, des menaces voilées et des effets sonores dignes d’un mauvais thriller.
Non, Hicham Jerando n’est ni un penseur, ni une victime du système. C’est un prestidigitateur raté, un funambule sans fil, un idéologue sans idée. Et si l’Histoire devait un jour retenir son nom, ce serait sans doute dans un manuel d’éducation civique à la rubrique : « Comment ne pas devenir un clown politique ».