L’influence trouble des figures déchues sur une jeunesse en quête de repères

À une époque marquée par une perte de repères et une confusion croissante entre engagement sincère et instrumentalisation idéologique, une partie de la jeunesse marocaine, animée par la volonté de s’impliquer dans le débat public, devient une cible vulnérable pour certaines figures controversées.
Ces individus, dont le passé soulève des questions éthiques, cherchent à se repositionner comme des références intellectuelles, alors que leurs discours sont souvent guidés par des motivations personnelles plutôt que par un réel désir de contribuer au bien commun.
Aboubakr Jamaï, Taoufik Bouachrine et Omar Radi incarnent, à divers degrés, cette tendance. Le premier, autrefois perçu comme un défenseur de la liberté de la presse, a quitté le Maroc en laissant derrière lui des engagements non honorés envers la CNSS et ses employés, ternissant ainsi sa crédibilité. Les deux autres, condamnés dans des affaires judiciaires graves liées aux agressions sexuelles, tentent de transformer leurs démêlés personnels en symboles de résistance politique.
Ensemble, ils s’adressent à une jeunesse en quête de changement, mais leurs discours, souvent empreints de ressentiment, risquent davantage de semer la confusion que d’éclairer. Récemment, certains jeunes ont invité ces figures à s’exprimer sur des plateformes numériques, comme Discord, dans ce qui semblait être un espace d’échange libre et intellectuel.
Cependant, ces initiatives, bien qu’animées par une intention d’ouverture, comportent un risque : celui de voir des voix controversées instrumentaliser la fougue de la jeunesse pour diffuser des messages marqués par la défiance systématique. Loin de promouvoir une réflexion équilibrée, ces interventions peuvent alimenter un climat de méfiance et de nihilisme, au détriment d’une vision constructive.
Ces figures, habiles dans l’art de la polémique, privilégient souvent la provocation à l’analyse rigoureuse. Leur rhétorique, centrée sur la critique des institutions, manque fréquemment de propositions concrètes ou de perspectives d’avenir. En lieu et place d’un débat éclairé, elles risquent de transmettre un discours de rupture et de suspicion, séduisant par son apparente radicalité mais fragilisant, en réalité, la confiance et l’engagement positif.
Ainsi, loin de favoriser une réflexion critique et constructive, ces interventions peuvent entretenir la désillusion chez une jeunesse en quête de sens. Les jeunes du collectif #GenZ212, animés par un désir sincère de comprendre et de s’impliquer, méritent des modèles incarnant responsabilité et intégrité. L’émancipation véritable ne naît pas de la défiance systématique, mais d’un engagement réfléchi, courageux et orienté vers des solutions collectives.